Le temps moyen sur un poste est sensiblement le même qu’il y a 40 ans
Contrairement à l’idée reçue, le temps moyen passé sur un poste de travail n’a pas beaucoup changé depuis 40 ans. Actuellement, aux États-Unis, un employé reste en moyenne plus de 4 ans sur un poste, une durée légèrement plus élevée en Europe, où la moyenne se situe plutôt autour de 5 ans. Mais les choses changent tout de même un peu : les nouveaux venus sur le marché du travail sont plus enclins à changer fréquemment de poste. Il y a donc fort à parier qu’ils feront baisser cette moyenne à mesure qu’ils seront plus nombreux.
La « Grande Démission », un phénomène réel aux Etats-Unis mais à nuancer
La « Grande Démission » est désormais un phénomène prédominant aux Etats-Unis ; en 2021, 47 millions de travailleurs américains ont quitté leur poste, soit bien plus que la normale. En 2022, le nombre a augmenté encore, atteignant 51 millions.
En parallèle, il a été difficile de recruter pendant la pandémie, ce qui a rendu les changements de poste plus fréquents. Ce phénomène s’observe en particulier dans les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie, de l’éducation, des services de santé et de nettoyage. La flexibilité des horaires de travail est un autre facteur qui influence ces changements, en particulier pour les cadres qui ont commencé à travailler à distance pendant la pandémie.
Mais les croyances que partagent les Européens sur le marché du travail américain sont à relativiser : non, ce marché n’est pas si mobile et les Américains ne quittent pas si facilement leur poste pour la prochaine opportunité. En effet, l’accès limité à l’assurance santé rend par exemple plus ardu pour certains de quitter leur emploi (notamment s’ils ont du diabète ou si un membre de leur famille a eu une maladie grave dans le passé)
Le phénomène de la “grande démission” n’a pas été aussi spectaculaire en Europe. Il y a eu fin 2021 et début 2022 en France, près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI, ce qui est bien plus que d’habitude, mais on devrait lisser ces chiffres sur l’année qui a précédé pendant laquelle il y a eu anormalement peu de démissions. Dans d’autres pays, comme en Allemagne, on parle de difficultés de recrutement, mais pas de “grande démission”.
Un recours aux freelances plus courant pour les entreprises américaines
Les entreprises américaines sont de plus en plus nombreuses à faire appel à des freelances pour plusieurs raisons, notamment la flexibilité et la compensation d’un manque d’expertise en interne. Ainsi, près de 73 millions de freelances travaillent aux États-Unis, soit environ 30% de la population active. Beaucoup d’entre eux cumulent plusieurs activités et statuts. (C’est à mettre en lien avec une proportion plus élevée de “working poor”). Cette proportion est plus faible en Europe, autour de 15%.
Mais les freelances continuent de ne pas avoir accès à de nombreuses protections élémentaires comme l’accès à une assurance prévoyance ou invalidité. S’ils n’ont plus d’activité à cause d’un problème de santé, ils sont plus exposés à la précarité. Cela devrait les obliger à facturer plus cher leurs prestations afin d’anticiper d’éventuelles difficultés. Mais certains ne sont pas éduqués à le faire…
Vers un nouveau paradigme ?
Pour conclure, le changement de perspective sur la responsabilité sociale des entreprises qui a commencé dans les années 1990 continue de prendre plus d’ampleur. Nombreux sont ceux qui souhaitent la voir évoluer afin qu’elle ne concerne pas seulement les employés mais également l’ensemble des personnes liées par contrat à l’entreprise ainsi que le domaine de la gestion du travail.
Car si une entreprise a une portée étendue, elle doit aussi avoir des valeurs étendues, ce qui passe par des engagements éthiques de plus en plus importants envers les consommateurs comme les fournisseurs.